BIG DADDY WILSON: Neckbone Stew (2017)
L’histoire de ce bluesman est assez intéressante. Il naît et grandit en Caroline du Nord. Il bosse un peu dans les champs de coton et de tabac pour arrondir les fins de mois de sa famille puis il quitte l’école à seize ans pour s’enrôler dans l’armée. Son engagement l’emmène en Allemagne où il fait une rencontre importante : sa future femme qui lui fait découvrir le blues (Mister Wilson n’ayant jamais entendu que le gospel dominical). L’amour et la musique bouleversent soudainement sa vie et, après l’armée, il se consacre uniquement au blues. Bien que résidant en Allemagne, Big Daddy Wilson reste profondément ancré dans ses racines américaines comme le prouve son dernier album en date. D’entrée de jeu, le blues traditionnel est à l’honneur avec « Cross creek road ». Accompagnée d’un seul dobro, la voix puissante et rauque de Big Daddy nous emmène vers le Delta du Mississippi. « Neckbone stew » commence de la même façon puis se teinte d’influences reggae tandis que « 7 years » (un rhythm n’ blues mélodique et funky) propose un bon solo de guitare. Une six-cordes aérienne égrène un solo planant sur « The river » (un titre funk en rythme lent). Tout cela n’est pas mal mais le talent de Big Daddy Wilson éclate avec les morceaux suivants. « I just need a smile » nous charme les oreilles. Cette superbe ballade country, presque sudiste, distille un solo dans l’esprit de Dickey Betts. Le mélodique « He’ll make a way » mélange diverses influences (country, blues, soul) avec une belle montée d’accords et des chœurs féminins gospel sur les refrains. Ce titre bénéficie de la présence d’Eric Bibb. « Give me one reason » oscille entre « swamp-rock » et « Southern soul » avec un solo de dobro efficace. « Running shoes » (un country-blues en mode mineur) se pare d’un très beau solo de guitare acoustique. L’intro de « Cookies gonna kill me » (une gratte sèche et la voix de Big Daddy) rappelle le style de Lead Belly puis le morceau continue en rythme country avec un super solo de dobro. « Peanut butter pic » reprend la même formule avec une teinte plus country-blues. Voilà de quoi faire un excellent album ! Les amoureux d’authenticité seront comblés par la voix rocailleuse de Big Daddy Wilson qui évoque celle des vieux bluesmen d’autrefois. Son disque sent bon le poulet frit, la musique du vendredi soir et l’atmosphère particulière de la Caroline du Nord. De la véritable “Southern music” !
Olivier Aubry